jeudi 26 novembre 2015

Scénographie #AnneFrank

Note de scénographie

L'adaptation du Journal d'Anne Frank pour le théâtre supposait de representer l'Annexe dans un huis clos familial. Ludovic Huart, directeur du Théâtre de la Grande Ourse, auteur de théâtre et metteur en scène s'est associé à l'artiste Michaël Moreau, photographe, pour concevoir un décor contemporain, épuré, aux formes géométriques mais fortement symbolique.

Décryptage
L’action du « Journal d'Anne Frank » se déroule dans un lieu « isolé » du monde, mais faisant partie intégrante d'un immeuble, sur plusieurs niveaux. On y accède par une porte cachée par une bibliothèque. Afin de plonger le spectateur dans un huis clos et de le ramener à un statut « d'ombres errantes » condamné à la clandestinité, le couloir du théâtre a été lui même réaménagé avec de nouveaux codes théâtraux.

Sur scène, les espaces s'emboîtent, se superposent. Les lignes géométriques viennent renforcer l'idée d'ordre et de règles. Un amalgame se fait entre l’espace du grenier et l’espace concentrationnaire : lieu d'emprisonnement et de privation, lieu de déshumanisation. L’espace du Lager vient se
superposer à celui du grenier. Le lieu concentrationnaire sera donc présent sans jamais être nommé :
lieu protéiforme, le camp qui se dessine en filigrane dans la pièce n’a pas de nom et échappera à toute définition précise. Il est, dans les mots de Charlotte Delbo (Auschwitz et après), le « lieu sans nom », l’innommable. La pièce prend place dans une sorte de boîte en bois, un baraquement, percée d’une longue fenêtre (haute meurtrière « symbole de lucarne ».) Tout s’installe dans un lieu dépouillé de tout point de repère hormis quelques éléments domestiques. Certaines scènes ont lieu derrière « un mur », un voile de gaze, dans la lumière crépusculaire des fantasmes ou des songes. Une pièce étriquée, tout en longueur, la profondeur se termine par un escabeau qui permet d’accéder au grenier, laissant entrevoir la lumière extérieure. La cuisine est simplement suggérée par une chaise et une table. Tout à fait à droite, un étroit lit, et seuls les accessoires nécessaires à la scène sont présents, afin d'éviter un certain réalisme : près du mur, des vêtements, des photos, des casseroles, des assiettes, des boîtes de conserve, des fourchettes et des couteaux, quelques pommes de terre, un stylo plume, des chaussures. Tous ces accessoires symbolisent un semblant de vie et de civilisation, rappelant sans cesse l’idée d’emménagement ou de déménagement. Et tout autour de cet espace confiné, le vide. L'espace est limité par des formes géométriques, cubiques. L'enfermement est présent, pesant. Le décor est comme un îlot, une pièce de puzzle qui ne s'emboîte pas. Ce « cocon » inconfortable, au milieu de nulle part est pourtant enserré dans une réalité sociale, politique, historique, une histoire qui se déroule au dehors et qui à travers les écrits d'Anne Frank crée des images immédiates, dans notre imaginaire collectif. Ci dessous : décor en cour de fabrication ; d'après une idée originale de Michaël Moreau, conception Ludovic Huart

le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau
le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau 
le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau
le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau
le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau
le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau
le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau
le Journal d'Anne Frank
Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier
Ludovic Huart & Michaël Moreau

lundi 23 novembre 2015

Anne Frank

Le Journal d'Anne Frank
Un spectacle intime, puissant, nécessaire et émouvant.
Tout public, à partir de 12 ans. Durée 50 minutes
Jeudi 3 décembre et vendredi 4 décembre à 20h30

Otto Frank, Juif allemand, croix de fer de la guerre 14-18, avait compris dès 1933 qu’il fallait fuir l’Allemagne. Avec sa femme Edith et leurs deux filles, Margot et Anne, il choisit de s’installer aux Pays-Bas, resté neutres pendant la Première Guerre mondiale, où il fonde une entreprise de confiture. En 1942, il anticipe la catastrophe, aménage plusieurs pièces dans une remise située à l’arrière des bureaux de sa société et dont l’entrée sera masquée par une fausse bibliothèque : l'Annexe. Le destin du Journal commence. Anne Frank a alors treize ans. Pour échapper aux persécutions qui frappent les Juifs, la famille d’Anne et la famille Van Pels s'y cachent rapidement jusqu’à ce qu’on les dénonce et les envoie dans les camps de la mort. En 1945, Otto Frank, revenu des camps, attend tous les jours ses deux filles sur le quai de la gare d'Amsterdam. Lorsqu'on lui apprend qu'Anne et Margot ne reviendront pas, il ose ouvrir le journal intime de la cadette, Anne, et découvre avec stupeur qu'il ne connaissait pas vraiment sa fille. Racontée par Anne, l'étrange clandestinité qui enferma neuf personnes, trois familles, si différentes dans l'annexe de son entreprise devient drôle, piquante, pleine de moments de crainte mais de moments de joie aussi. À la grande surprise de son père, Anne est plus profonde, plus spirituelle, plus sexuée aussi qu'il ne la croyait. Et parfois plus révoltée...

Adaptation et jeu : Claire-Anne Menaucourt
Mise en scène : Ludovic Huart
Scénographie : Ludovic Huart et Michaël Moreau

Le Journal d’Anne Frank tel qu’on le connaît, publié en 1947 sous le titre l’Annexe, après avoir été refusé par tous les éditeurs néerlandais, avait été expurgé des sarcasmes envers les autres habitants du grenier, de ses fantasmes érotiques, de ses réflexions osées sur le sexe… Otto Frank, son père, le seul à être rentré vivant des camps nazis, avait découvert les carnets de sa fille et, pour respecter la mémoire des victimes, retiré les passages où Anne dit du mal de sa mère qu’elle déteste alors - qui se battra pour protéger ses deux filles à Auschwitz - ou exprime son antipathie pour l’autre famille qui partage leur cachette. Il avait édulcoré l’écriture très audacieuse d’Anne, pour garder l’image de la petite fille modèle. Plus tard, à la demande du Fonds Anne-Frank de Bâle (l’organisation philanthropique créée par Otto Frank pour utiliser les revenus du Journal à des fins éducatives), des historiens néerlandais de l’Institute for War Documentation ont été chargés de rassembler toutes les archives et d’en regrouper les trois versions. Un texte complet a fini par être publié dans les années 90. Le Journal se termine brusquement le 1er août 1944. Les Alliés vont bientôt libérer Paris mais les prisonniers de l’annexe ont été dénoncés. Le 4 août, les SS, accompagnés de collabos néerlandais, viennent les arrêter. Le journal est devenu silencieux. Mais la pièce continue. Les huit sont internés dans le camp de Westerbork, le Drancy d’Amsterdam. De là, la famille Frank est déportée à Auschwitz par le dernier train qui quitte les Pays-Bas. Les deux filles et leur mère restent ensemble jusqu’à ce que Margot et Anne soient transférées en octobre à Bergen-Belsen, en Allemagne. La marche, la neige, le typhus, la mort. Edith Frank meurt à Auschwitz après le départ de ses filles, qui périront à Bergen-Belsen en mars 1945. Tous les autres clandestins de l’annexe sont assassinés dans les camps. Sauf Otto Frank qui, seul, revient à Amsterdam après la libération d’Auschwitz.

Adaptation du Journal d'Anne Frank pour le théâtre
La pièce commence par l'entrée dans l'Annexe. Comment mettre en scène un journal intime? Qui plus est celui d’Anne Frank, connu de tout le monde, et souvent étudié à l’école? Sans doute le plus tragique aussi… puisqu’il raconte, à travers le quotidien, les yeux et avec les mots d’une enfant de 13 ans l'occupation des Pays-Bas par l'Allemagne nazie. Sur scène, les mots du célèbre journal, reprennent vie. La pièce de théâtre ne raconte pas uniquement l'histoire tragique d'une famille obligée de se cacher des nazis mais le passage à l'âge adulte d'une jeune femme en devenir. Ce n'est pourtant pas facile d’adapter au théâtre un journal intime, plein de réflexions et de pensées, en une pièce de théâtre dynamique.

Près de 70 ans après la mort d'Anne Frank, faire une pièce de théâtre de son histoire n'était pas superflu, estime Ludovic Huart, directeur du TGO et metteur en scène : "pour les nouvelles générations, la Seconde guerre mondiale, ce sont des images vues à la télévisions, c'est quelque chose d'incompréhensible, d'intangible... Lorsque Paul Sobol est venue cette année raconter son histoire, celle d'un déporté dans le camp d'Auschwitz, de nombreux lycées sont sortis de la salle en disant, c'était donc vrai. Aujourd'hui, il est important de faire rencontrer ces différentes générations afin de les confronter à la réalité, parfois cruelle, mais nécessaire, particulièrement en raison de la popularité malsaine ces derniers temps de sentiments de nationalisme et de xénophobie ». A l'occasion de cette nouvelle adaptation, le Théâtre de la Grande Ourse prend des formes d'appartement dans lequel le public est invité à entrer, dans le silence, sur la pointe des pieds, pour à son tour devenir cet être silencieux, cette ombre errante, ce clandestin prisonnier. Grâce au dynamisme de Claire Anne Menaucourt, comédienne qui joue Anne Frank, et aux techniques théâtrales utilisées, le "public ressent un sentiment de claustrophobie". L'espace scénique est totalement réduit, il se résume presque à une boîte en bois dans laquelle évolue difficilement la comédienne. L'ambiance se rapproche de l'univers carcéral, concentrationnaire. La scène a été conçue pour que le décor de l’annexe et du grenier soit suggéré. Il ne s'agit pas ici de faire la réplique exacte du 263, rue Prinsengracht. Toutefois, on accède à la salle de spectacle par un couloir étroit et long plongé dans l'obscurité, caché par une bibliothèque imposante... ainsi, les spectateurs ont a leur tour le sentiment de vivre eux aussi dans cet espace oppressant et devenir ces clandestins silencieux. Les spectateurs vivent avec la famille Frank leur dernière nuit dans une chambre normale, déménagent avec eux à l’aube dans ces greniers aveugles où les prisonniers devront chuchoter pendant les heures d’ouverture des bureaux afin que les employés ne soupçonnent pas leur présence. Ils sont dans l’annexe avec les Frank et l’autre famille qui va ensuite s’y réfugier, ainsi qu’un dernier arrivé, un vieil ami dentiste. Huit personnes dans ce huis-clos, raccrochées au monde par la radio, la BBC, aidées par des Hollandais qui organisent leur ravitaillement. Avec, en permanence, la peur. Dans cette mise en scène, le parti pris a été de donner voix uniquement à Anne Frank qui relate dans son journal son quotidien et les rapports qu'elle entretient avec les autres occupants. Ainsi, le public devient à son tour ces ombres errantes qui cohabitent avec cette jeune fille.

« A quoi sert cette guerre ? Pourquoi les hommes ne peuvent-ils pas vivre en paix ?
Grand-mère, pourquoi les hommes sont-ils si fous ?
Je ne pourrai jamais croire que seuls les hommes puissants, les dirigeants, les capitalistes sont seuls responsables de la guerre. L’homme de la rue est tout aussi content de la faire, autrement les peuples se seraient révoltés depuis longtemps »
Anne Frank

+ Exposition Anne Frank, visible uniquement pour les spectateurs, le jeudi et vendredi 3 décembre


+ Séjour aux Pays-Bas, Annexe d'Anne Frank
Dans le cadre du cycle#1 Théâtre de Guerre dédié à Anne Frank, nous proposons un séjour de 2 jours à Amsterdam au printemps 2016 pour découvrir « la maison d'Anne Frank ». Projet prioritairement destiné aux spectateurs ayant assisté à la représentation du spectacle « Le journal d'Anne Frank » le jeudi 3 ou vendredi 4 décembre 2015 et/ou aux scolaires.
Tarifs préférentiels selon situation. Renseignements et inscriptions dès le 7 décembre au 06 80 95 32 11 (Responsable du projet Ludovic Huart), attention, places limitées.
Projet financé avec la réserve parlementaire de Christophe Léonard, Député des Ardennes


jeudi 12 novembre 2015

Le(s) Monstre(s) de Frankenstein

Hélène Defline
Hélène Defline
Hélène Defline
Hélène Defline
Hélène Defline # Scénographie Ludovic Huart
Hélène Defline # Scénographie Ludovic Huart
Scénographie 
A l'occasion de la fête des Morts, le TGO a proposé une série d'évènements consacrés au Théâtre Fantastique. Lectures d'épouvante éclairées à la chandelle, le TGO s'est ainsi mis sans dessus, dessous, pour effrayer petits et grands lors de soirées monstrueusement épouvantables. Une salle comble, des sales gosses terrorisés, le croque-mitaine a croqué, croqué, tous les doigts des spectateurs affamés d'histoires à dormir debout ! C'était le 3 novembre 2015 au Théâtre de la Grande Ourse, avec Hélène Defline. Mise en scène et scénographie Ludovic Huart