Note de scénographie
L'adaptation du Journal d'Anne Frank
pour le théâtre supposait de representer l'Annexe dans un huis clos
familial. Ludovic Huart, directeur du Théâtre de la Grande Ourse,
auteur de théâtre et metteur en scène s'est associé à l'artiste
Michaël Moreau, photographe, pour concevoir un décor contemporain,
épuré, aux formes géométriques mais fortement symbolique.
Décryptage
L’action du « Journal d'Anne
Frank » se déroule dans un lieu « isolé » du
monde, mais faisant partie intégrante d'un immeuble, sur plusieurs
niveaux. On y accède par une porte cachée par une bibliothèque.
Afin de plonger le spectateur dans un huis clos et de le ramener à
un statut « d'ombres errantes » condamné à la
clandestinité, le couloir du théâtre a été lui même réaménagé
avec de nouveaux codes théâtraux.
Sur scène, les espaces s'emboîtent,
se superposent. Les lignes géométriques viennent renforcer l'idée
d'ordre et de règles. Un amalgame se fait entre l’espace du
grenier et l’espace concentrationnaire : lieu d'emprisonnement et
de privation, lieu de déshumanisation. L’espace du Lager vient se
superposer à celui du grenier. Le lieu
concentrationnaire sera donc présent sans jamais être nommé :
lieu protéiforme, le camp qui se
dessine en filigrane dans la pièce n’a pas de nom et échappera à
toute définition précise. Il est, dans les mots de Charlotte Delbo
(Auschwitz et après), le « lieu sans nom », l’innommable. La
pièce prend place dans une sorte de boîte en bois, un baraquement,
percée d’une longue fenêtre (haute meurtrière « symbole de
lucarne ».) Tout s’installe dans un lieu dépouillé de tout point
de repère hormis quelques éléments domestiques. Certaines scènes
ont lieu derrière « un mur », un voile de gaze, dans la lumière
crépusculaire des fantasmes ou des songes. Une pièce étriquée,
tout en longueur, la profondeur se termine par un escabeau qui permet
d’accéder au grenier, laissant entrevoir la lumière extérieure.
La cuisine est simplement suggérée par une chaise et une table.
Tout à fait à droite, un étroit lit, et seuls les accessoires
nécessaires à la scène sont présents, afin d'éviter un certain
réalisme : près du mur, des vêtements, des photos, des
casseroles, des assiettes, des boîtes de conserve, des fourchettes
et des couteaux, quelques pommes de terre, un stylo plume, des
chaussures. Tous ces accessoires symbolisent un semblant de vie et de
civilisation, rappelant sans cesse l’idée d’emménagement ou de
déménagement. Et tout autour de cet espace confiné, le vide.
L'espace est limité par des formes géométriques, cubiques.
L'enfermement est présent, pesant. Le décor est comme un îlot,
une pièce de puzzle qui ne s'emboîte pas. Ce « cocon »
inconfortable, au milieu de nulle part est pourtant enserré dans une
réalité sociale, politique, historique, une histoire qui se déroule
au dehors et qui à travers les écrits d'Anne Frank crée des images
immédiates, dans notre imaginaire collectif. Ci dessous : décor en cour de fabrication ; d'après une idée originale de Michaël Moreau, conception Ludovic Huart
le Journal d'Anne Frank Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier Ludovic Huart & Michaël Moreau |
le Journal d'Anne Frank Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier Ludovic Huart & Michaël Moreau |
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le Journal d'Anne Frank Scénographie de l'Annexe, chambre, cuisine et grenier Ludovic Huart & Michaël Moreau |
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